Update : j'avais prévu de publier cet article en mai, et puis… bref, le voici, avec quelques mois de retard !
En l'honneur de ce mois de mai, parsemé de jours fériés, je vous propose un petit billet sur ce sujet (oui, ça rime, je suis un peu poète !).
L'origine des jours fériés
Étymologiquement, le mot « férié » aurait dans sa racine latine à la fois la notion de chômer (ne pas travailler) mais également de fête ou célébration.
Au fil des événements qui ont marqué l'Histoire de France, le calendrier s'est étoffé de jours fériés. Certains sont liés à l'Histoire, d'autres issus de la religion chrétienne. Certains célèbrent des moments festifs marquants, d'autres commémorent des événenements un peu plus tristes. Ils peuvent être fixes (dans le sens où on en bénéficie tous les ans) ou ponctuels (pour rester dans l'actualité, les Japonais ont bénéficié de 10 jours fériés exceptionnels en l'honneur de leur nouvel Empereur).
Légalement, la France compte 11 jours fériés, fixés dans le Code du Travail (1er janvier, lundi de Pâques, 1er mai, 8 mai, jeudi de l'Ascension, lundi de Pentecôte, 14 juillet, l'Assomption, 1er novembre, 11 novembre et 25 décembre). Mais certains départements du Nord Est (Moselle, Haut-Rhin, Bas-Rhin) ou d'Outre-Mer (Martinique, Guadeloupe, Guyanne) et la collectivité de Saint-Barthélémy ont des jours fériés particuliers, liés à leur histoire. Pour ces jours fériés « locaux », la réglementation des jours fériés au sens juridique du terme n'est pas appliquée, sauf s'il existe des usages ou des dispositions conventionnelles plus avantageuses.
Les départements de la Moselle, du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, couramment désignés « Alsace-Moselle » bénéficient, dans plusieurs domaines, d'une législation particulière et donc notamment en ce qui concerne les jours fériés. Il s'agit d'avantages issus de la réglementation allemande dont ils dépendaient auparavant. Instauré en 1919, il a été généralisé et rendu permanent quelques années plus tard.
Pour les DOM-TOM, outre certaines célébrations religieuses, les jours fériés supplémentaires sont ceux de l'abolition de l'esclavage, qui a marqué l'histoire de ces territoires.
Il existe enfin quelques jours fériés rattachés à des branches professionnelles particulières et parfois limités à certains départements comme le 1er décembre (Saint-Eloi, patron des métallurgistes) dans le Nord-Pas de Calais ou le 25 novembre (Sainte-Catherine) dans la couture.
Un peu d'histoire
NB : je m'excuse par avance si je dis des bêtises, je suis pas historienne et je fais mes recherches sur Wikipedia et j'essaie de recouper avec d'autres sites mais je n'ai pas toujours la possibilité de confirmer par plusieurs sources. Je parle uniquement de la partie « historique », parce que pour la partie « droit du travail », là je suis sûre de ce que je raconte !
Donc, d'après ce que j'ai pu comprendre de mes recherches pour cet article, les ancêtres des jours fériés étaient des jours de fêtes religieuses chômés. Elles étaient apparemment nombreuses dans l'Ancien Régime (jusqu'à une cinquantaine selon les régions, quand-même !), mais les hautes instances catholiques en auraient supprimé plusieurs pour des raisons économiques (« au boulot, tas de fainéants ! »). Il existait également quelques fêtes sans contexte religieux, instaurées par des confréries professionnelles, par exemple.
Je ne vais pas vous refaire toute l'histoire mais apparemment, au fur et à mesure des changements de société, des récupérations politiques diverses, les jours fériés et leur façon d'être fêtés (manifestations, événements religieux ou culturels) ont évolué.
Il semblerait que le principe de légalité attaché aux jours fériés tels qu'on les connaît aujourd'hui, ait été progressivement instauré en France au cours du 19e siècle. Pour des raisons économiques, des textes réglementaires ou légaux permettent ainsi de contrôler et limiter le nombre de jours fériés. Certains sont même calés sur des jours fériés déjà existant ou sur des dimanche.
Les jours fériés en France
Voyons maintenant les différents jours fériés en France, par ordre chronologique. Je précise entre parenthèses les jours qui ne sont fériés que dans certaines parties de la France.
NB : je vais beaucoup parler de religion chrétienne pour expliquer l'origine des jours fériés et du fait qu'ils soient fériés en France. Je ne prends pas partie pour une religion ou une autre, je sais qu'il existe des explications différentes des mêmes fêtes dans d'autres religions (je pense par exemple au lien entre Pâques et Pessa'h) mais le fait est qu'en France, les jours fériés religieux sont rattachés à la religion chrétienne.
Nouvel an - 1er janvier
Il aurait été instauré en 1810 pour célébrer le premier jour de l'année. De ce que j'ai pu apprendre au fil de mes recherches pour cet article, le 1er jour de l'année a évolué au fil des époques : 1er mars selon Jules César (qui aurait alors remplacé le calendrier lunaire par le calendrier solaire), 25 décembre pour Charlemagne puis le jour de Pâques pour les Capétiens.
Lundi gras, Mardi gras et Mercredi des Cendres (Antilles)
Un peu partout en France, nous fêtons Mardi gras sans que ce jour soit pour autant férié (carnaval pour les enfants, overdose de beignets frits pour les parents !) mais aux Antilles, ces trois jours sont fériés et marqués par le Carnaval.
Mardi gras n'a pas de date fixe, il tombe entre fin février et début mars puisqu'il est fixé 47 jours avant Pâques… Pâques étant fixé au premier dimanche après la première pleine lune qui suit l'équinoxe de printemps (aux alentours du 21 mars en général) - mais attention, on ne parle pas de la lune « observée » mais de la lune « ecclésiastique ».
On l'appelle comme ça puisqu'il est le dernier jour avant la période de Carême de 40 jours, pendant laquelle les Chrétiens sont invités à « manger maigre », donc en gros, on fait les réserves de gras ! Et je n'y ai jamais assisté mais il paraît que les festivités de cette fête aux Antilles sont assez spectaculaires (je vous mets une vidéo pour le plaisir ici) !
La plupart des dictons autour de Mardi gras concernent comme souvent la météo du type « Mardi gras pluvieux, fait le cellier huileux » (Périgord)… mais je vous fais cadeau du suivant qui n'a pour le coup rien à voir avec la météo : « À Mardi gras, qui n'a pas de viande tue son coq. Qui n'a pas de coq tue sa femme »… je vous laisse apprécier le malaise.
Le Mercredi des cendres est donc le lendemain de Mardi gras, jour de pénitence qui marque le début du Carême… et, bien que je n'en ai pas la preuve officielle, je me demande s'il n'est pas férié aux Antilles pour que les gens se remettent du Carnaval de la veille plus que pour observer pénitence… disons le temps que le sang contienne de nouveau plus de sang que de rhum :D !
Mi-carême (Guadeloupe)
Comme le carême dure 40 jours, la mi-carême tombe 20 jours après le début du carême, une occasion de se relâcher la pression avant de reprendre pour 20 jours de carême de plus !
Vendredi Saint (Moselle, Haut-Rhin, Bas-Rhin et Antilles)
Ce férié n'a encore une fois pas de date fixe, puis qu'il tombe le vendredi précédent le dimanche de Pâques. Pour les Chrétiens, il marque le jour de la crucifixion et de la mort de Jésus. L'Eglise demande aux Chrétiens de faire un sacrifice ce jour-là, moi on m'avait toujours dit « on ne mange pas de viande le Vendredi Saint » mais il semblerait qu'on puisse remplacer ce « sacrifice » par autre chose (ne pas fumer pour un fumeur par exemple).
Lundi de Pâques
Il suit donc le dimanche de Pâques, qui commémore la résurrection de Jesus. Mais il se pourrait que l'origine de ce jour férié soit en réalité plus « économique » que cultuelle : ce jour étant déjà férié dans plusieurs pays européens, les bourses de ces pays étaient fermées ce jour-là, ce qui empêchait les négociations boursières, et de toute façon, il était apparemment d'usage de fermer les magasins ce jour-là.
Moi j'ai une autre théorie personelle : il est férié pour laisser aux gens le temps de récupérer du dimanche de Pâques. Rappelez-vous dans la chronologie, on a Mardi gras (excès de gras !) suivi par 40 jours de jeûne (ou d'alimentation frustre) puis le dimanche de Pâques… C'est un peu violent pour le corps et il faut bien une journée pour se remettre et laisser le temps aux enfants de faire une crise de foie digne de ce nom !
Abolition de l'esclavage
L'abolition de l'esclavage est commémorée à des dates différentes selon les territoires : 27 avril à Mayotte, 22 mai en Martinique, 27 mai en Guadeloupe, 10 juin en Guyanne, 9 octobre à Saint-Barthélémy, et 20 décembre à la Réunion.
En Martinique, dans un très beau discours, Aimé Césaire rappelle le rôle de la lutte des esclaves dans l'abolition de l'esclavage lors de l'inauguration de la Place du 22 mai en 1971, prenant le contre-pied des discours habituels privilégiant le rôle des Blancs. En Martinique, le 22 mai devriendra également un jour de manifestation pour le combat syndical.
Fête du travail - 1er mai
Je vais me permettre de contredire notre Président, mais le 1er mai n'a jamais été la fête de « ceux qui aiment le travail » (déjà, ça aurait été sympa de mettre un peu d'inclusif). Les origines de la fête du 1er mai sont d'ailleurs plutôt sanglantes et ce jour permet de commémorer, entre autres, plusieurs massacres. Je vais m'y appesentir un peu plus, parce que c'est le seul jour férié lié au monde du travail, domaine qui m'intéresse particulièrement, et parce qu'il me semble important de garder en mémoire l'origine de ce férié.
De ce que j'ai pu trouver de mes recherches, tout commence à Chicago en 1886. Le 1er mai, les ouvriers de l'usine McCormick se rassemblent pour revendiquer de nouveaux droits, notamment la journée de 8 heures. Cette revendication n'est pas nouvelle, il semblerait qu'elle trouve ses origines en Grande-Bretagne en 1817 et vous avez probablement déjà vu le slogan de Robert Owen : « Eight hours' labour, Eight hours' recrecreation, Eight hours' sleep » (en français : « 8 heures de travail, 8 heures de loisirs, 8 heures de repos »).
Revenons donc à nos ouvriers de Chicago : alors que la manifestation semble sur sa fin, la police débarque et charge les ouvriers ! Il y aura un mort et plusieurs blessés. Un militant anarchiste, August Spies, publie alors un communiqué dans le journal Chicagoer Arbeiter Zeitung (le journal des travailleurs de Chicago en allemand, journal des émigrés anarchistes allemands de Chicago) appelant à une manifestation pacifiste contre la violence policière pour le 4 mai suivant. Un autre appel dans le journal The Alarm conseillait aux manifestants de venir armés, dans un but d'autodéfense en cas de violences policières.
La manifestation se passe dans le calme, mais vers 22h, alors qu'il ne reste qu'une centaine de manifestants dans Haymarket Square, 180 policiers chargent les manifestants. Quelqu'un jette alors une bombe au milieu des policiers, tuant un agent. Les policiers répliquent. Les meneurs sont arrêtés, dont August Spies, et accusés de meurtre. Je vous passe le procès, les pendaisons et le reste.
Les derniers mots d'August Spies auraient été (en français) : « Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd'hui ».
Toujours est-il que le combat pour la journée de 8 heures devient un point phare des revendications ouvrières et se répand dans le reste du monde.
Le 1er mai devient alors un symbole des combats pour les droits des travailleurs. En France, c'est la IIème internationale, en juillet 1889, qui décide de faire de chaque 1er mai un journée de manifestation pour revendiquer la journée de 8 heures, en commémoration du massacre d'Haymarket Square. Il leur faudra être patient, puisque cette revendication ne sera satisfaite, pour la plupart des pays européens, qu'à l'entre-deux-guerres.
La première « fête du travail » (terme de Jules Guesde) est donc célébrée le 1er mai 1890. L'année suivante, à Fourmies, dans le Nord de la France, les manifestations du 1er mai tournent au drame lorsque les forces de l'ordre tirent sur la foule, tuant 9 personnes. Suite à ce nouveau drame, les militants épingleront une églantine rouge sur leur tenue symbolisant le sang des manifestants tués l'année précédente (mais les sources divergent sur ce que cette églantine représente).
Cette fête fut récupérée par le maréchal Pétain, qui l'instaure légalement comme « la fête du Travail et de la Concorde sociale » (parce que « fête des travailleurs » ça faisait un peu trop prolo à son goût)… 1er mai qui correspond d'ailleurs à la Saint Philippe ! Ce jour deviendra férié, chômé et payé, transformant ainsi symboliquement une journée de grève (de manifestations, de revendications, de blocage des entreprises) par une journée de repos officielle… L'églantine est remplacée par le muguet (le rouge ça faisait un peu trop communiste à son goût).
Cette fête disparaît à la Libération, mais pas pour longtemps puisque le 1er mai re-devient un jour chômé et payé en avril 1947, inscrite dans le Code du Travail. L'année suivante, elle sera officiellement nommée « fête du travail ».
Le 1er mai a également été repris par le Front National pour honorer Jeanne d'Arc et donc par extension le patriotisme. En 1920, la République avait instauré la « fête de Jeanne d'Arc, fête du patriotisme » le 8 mai, date à laquelle la fameuse pucelle bouta l'envahisseur anglais hors d'Orléans en 1429. Sauf que 25 ans plus tard, au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, le 8 mai commémore aussi la victoire des Alliés… Le Front National, créé en 1979, a commencé par se joindre aux défilés du 8 mai mais en 1988, Jean-Marie LE PEN décide de déplacer l'hommage à Jeanne d'Arc au 1er mai. Il se pourrait que ce soit lié au fait que le second tour de l'élection présidentielle ait eu lieu le 8 mai, et qu'il espérait bien en être. Une autre théorie serait d'avoir voulu lier travail et patriotisme pour représenter le programme du groupe politique (manquait plus que la Famille…). En 1995, le 1er mai prendra de nouveau une tournure tragique lorsqu'un skinhead participant au défilé du Front National tue Brahim Bouarram en le poussant dans la Seine.
Libération - 8 mai
Ce jour férié commémore la victoire des Alliés et la fin de la Seconde Guerre Mondiale du 8 mai 1945. En réalité, la reddition de l'armée allemande sera signée le 7 mai à Reims, ce qui n'aurait pas du tout plu à Staline, qui demande que cette reddition soit faite à l'Armée Rouge et signée à Berlin. Une nouvelle reddition est donc signée dans la banlieu de Berlin à Karlshorst, le 8 mai.
En France, le jour est décrété férié en 1953, supprimé en 1959 par le Président Charles de Gaulle. Le Président Valéry Giscard d'Estaing supprimera carrément les commémorations du 8 mai pour symboliser la réconciliation de la France et de l'Allemagne. En 1981, le Président François Mitterrand demande finalement la réinstauration de la commémoration et du caractère férié de ce jour.
Le jeudi de l'Ascension
Là encore, pas vraiment de date fixe puisqu'il est célébré 40 jours après le dimanche de Pâques, il tombe donc entre le 30 avril et le 3 juin. Il célèbre la montée aux cieux de Jésus Christ.
Le lundi de Pentecôte
De nouveau, pas de date fixe puisqu'il a lieu 51 jours après le dimanche de Pâques, soit 11 jours après le jeudi de l'Ascension, donc il tombe entre le 11 mai et le 14 juin (vous suivez ?). La Pentecôte célèbre cette fois-ci la descente de l'Esprit Saint parmi les apôtres. Elle est en fait fêtée pendant deux jours : le dimanche de Pentecôte (non reconnu comme férié puisqu'il tombe un dimanche - même si de ce fait, on occulte totalement les personnes qui travaillent le dimanche - comme à Pâques) et le lundi de Pentecôte.
Là encore, il se pourrait que les raisons de rendre ce jour férié soient les mêmes que pour le lundi de Pâques.
Son statut de jour férié remonte à 1886, et le gouvernement Raffarin décidera en 2004 de donner à ce jour un autre statut particulier : la journée de solidarité envers les personnes âgées. Il redeviendra férié chômé en 2008… mais vraiment pour plus de détails, lisez cet article spécifique à la journée de solidarité, si ce n'est pas déjà fait ;)
Fête nationale - 14 juillet
Je fais un rappel en accéléré : 14 juillet 1989, prise de la Bastille, fin de la monarchie absolue, le pouvoir au peuple, toussa toussa. Ce jour sera institué comme fête nationale dès l'année suivante.
D'autres sources semblent indiquer qu'en réalité le 14 juillet n'est pas la fête nationale du fait de la prise de la Bastille ou pas uniquement, mais aussi en commémoration du 14 juillet 1790, la Fête de la Fédération, nettement moins sanglante.
Quoi qu'il en soit, c'est le député Benjamin Raspail (comme le boulevard et la station de métro :D) qui dépose en 1880 une proposition de loi pour déclarer le 14 juillet comme jour de fête nationale… sauf pour la commune de Viriat (dans l'Ain), où un arrêté municipal la même année décale cette fête au premier dimanche d'août, pour ne pas perturber les fenaisons (c'est-à-dire la coupe, le fanage et la récolte des fourrages).
Assomption - 15 août
Il s'agit là encore d'une fête chrétienne, en honneur de la montée au ciel de la Vierge Marie « au terme de sa vie terrestre ». Il semblerait que ce jour soit devenu férié en France en 1638, à l'initiative du roi Louis XIII pour remercier la Vierge d'avoir permis à sa femme Anne d'Autriche de tomber (enfin) enceinte.
Toussaint - 1er novembre
On dit souvent que le 1er novembre est la « fête des morts », notamment parce que c'est généralement ce jour-là qu'on se rend aux cimetières pour fleurir les tombes des proches. En réalité, le 1er novembre, comme son nom l'indique, est la fête de « tous les saints », c'est donc une journée où l'on honore tous les saints.
Sauf que le 2 novembre, le vrai jour de la fête des morts, n'est pas un jour férié, et peut tomber sur une journée de travail, c'est pourquoi on a pris l'habitude de la « fêter » la veille.
Le 1er novembre serait férié depuis le Concordat signé en 1801 entre le Pape et l'Etat français.
Fin de la 1ère Guerre Mondiale - 11 novembre
Ce jour férié commémore la capitulation allemande en 1918, marquant la fin de la 1ère Guerre Mondiale, qui aura fait plus de 18 millions de morts et des centaines de milliers d'invalides. Le 11 novembre ne deviendra férié qu'en 1922, par décision du Parlement.
Noël - 25 décembre
Encore un férié issu de la religion chrétienne, célébrant la naissance de Jésus Christ, même si elle a pris une tournure très commerciale depuis la fin du 20ème siècle (société de consommation oblige). Comme plusieurs fêtes chrétiennes, il est probable qu'il s'agisse en réalité de la date d'une fête païenne que l'Eglise aurait récupérée, puisque selon différentes sources, Jésus Christ ne serait pas du tout né en décembre !
Saint-Etienne - 26 décembre (Alsace, Moselle, Haut-Rhin, Bas-Rhin)
Cette fête commémore le premier martyre de la chrétienté, selon le Nouveau Testament. A priori, il s'agissait d'un jour férié en Allemagne, sous Guillaume II, et, comme précisé au début de l'article, il fait partie des jours fériés conservés par ces départements lors de leur annexion à la France.
Les jours fériés au travail
Alors maintenant qu'on a vu un peu l'histoire derrière les jours fériés, voyons comment ils impactent le travail.
Le principe
Le Code du Travail stipule 11 fêtes légales ayant le statut juridique de jours fériés : 1er janvier, lundi de Pâques, 1er mai, 8 mai, jeudi de l'Ascension, lundi de Pentecôte, 14 juillet, l'Assomption, 1er novembre, 11 novembre et 25 décembre (article L3133-1).
Les articles suivants indiquent que si ces jours sont chômés, les heures non travaillées ne peuvent pas donner lieu :
- ni à récupération ;
- ni à perte de salaire pour les salarié.e.s ayant au moins 3 mois d'ancienneté et ayant accompli au moins 200 heures de travail effectif dans les deux mois précédent le jour férié, et sous réserve d'avoir été présent le dernier jour de travail précédent le jour férié et être présent le premier jour travaillé suivant le jour férié (comme toujours en droit du travail français, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Et pourquoi mettre tout le monde sur le même pied d'égalité quand c'est tellement rigolo de faire des cas particuliers dans tous les sens ?).
Bon, en clair : votre employeur ne peut pas vous demander de « rattraper » les heures non travaillées ce jour-là plus tard et doit vous les payer normalement, sauf dérogations. Il se peut que les accords collectifs prévoient des conditions plus avantageuses pour les salariés qui donnent lieu à paiement des heures fériées, quelle que soit l'ancienneté par exemple.
Et j'ai précisé « si ces jours fériés sont chômés » car ils ne le sont pas forcément. En cas de travail pendant les jours fériés, l'entreprise doit donc s'acquitter du paiement du salaire et, selon les accords collectifs, des indemnités de sujétion diverses (par exemple une majoration du salaire horaire pour travail en jour férié ou une prime horaire, etc.). Certaines conventions prévoient également la récupération des jours fériés (c'est le cas dans la CCN 51 par exemple) : si vous travaillez un jour férié, vous obtenez un jour de repos supplémentaire (un récupérateur de jour férié) permettant ainsi de garantir à tous les salariés de bénéficier du même nombre de jours « fériés » dans l'année (même s'ils ne sont pas pris le jour-même du jour férié).
Légalement, seul le 1er mai est férié et chômé (article L3133-4 et suivants). Il ne doit pas donner lieu à réduction de salaire. Pour les salariés payés à l'heure, à la journée ou au rendement, l'employeur doit s'acquitter d'une indemnité égale au salaire qui aurait été versé si le salarié avait travaillé normalement. S'il tombe sur un jour non travaillé, il est traité comme les autres jours fériés. S'il doit être travaillé (établissements et services qui du fait de leur activité ne peuvent pas interrompre leur activité comme la santé ou les transports), l'employeur s'acquitte d'une indemnité égale au montant du salaire de ce jour (en clair, cette journée est « payée double »). Et là, il n'y a, a priori, pas de dérogation possible : même si l'accord prévoit la possibilité de récupérer les jours fériés, le 1er mai n'est pas concerné et doit être payé double.
Pour la journée de solidarité, je vous renvoie de nouveau à l'article concerné.
Attention, les départements d'Alsace-Moselle ont des conditions particulières (mais j'avoue c'est un peu long, donc je vous renvoie directement à la partie concernée dans le Code du Travail !)
Les cas particuliers
Partons d'une entreprise classique, où les jours fériés sont tous chômés.
Petite précision : je vais distinguer « jour de repos » et « jour de repos hebdomadaire ». Historiquement, les semaines de travail s'étalaient sur 6 jours et les salariés ne bénéficiaient que d'un seul jour de repos par semaine (traditionnellement le dimanche). La plupart des salariés travaillent maintenant sur 5 jours, mais, en RH du moins, le jour de repos hebdomadaire continue de bénéficier d'un statut particulier. Généralement, le jour de repos est le samedi, le jour de repos hebdomadaire est le dimanche. Mais, selon l'activité, pour les établissements ouvrant 365 jours par an, les salariés sont amenés à travailler le week-end, leurs deux jours de repos sont alors décalés dans la semaine et le jour de repos hebdomadaire est le jour de repos le plus proche du dimanche.
Le jour férié tombe sur un jour de repos hebdomadaire
En principe (sauf accord collectif contraire) il n'est pas récupérable puisque vous aurez bien bénéficié d'un chômage ce jour-là. C'est d'ailleurs pour cette raison que le nombre de RTT varie tous les ans pour les personnes dont le temps de travail est exprimé en jours. Il faut tous les ans recalculer le nombre de jours de travail effectifs en fonction des jours sur lesquels les jours fériés vont tomber.
Le jour férié tombe pendant des jours de congés
Les jours de congés peuvent être décomptés en jours ouvrés (5 jours par semaine soit 25 jours par an) ou en jours ouvrables (6 jours par semaine soit 30 jours). Comme nous sommes dans l'exemple d'une entreprise classique, disons que la semaine de travail est du lundi au vendredi, le samedi est le jour de repos et le dimanche le jour de repos hebdomadaire.
Disons que l'entreprise décompte les congés en jours ouvrables. Si le jour férié tombe pendant les congés, il ne doit pas être décompté comme un jour de congé :
- s'il tombe du lundi au samedi : votre semaine de congés sera décomptée pour 5 jours ;
- s'il tombe le dimanche : votre semaine sera décomptée pour 6 jours (et le jour de repos coïncide avec le jour férié donc sauf accord collectif contraire, vous aurez eu, à la fin de l'année, un jour de repos de moins que s'il était tombé un autre jour).
Le jour férié tombe pendant un arrêt de travail (maladie, accident du travail)
Rien de particulier, il compte comme les autres jours d'arrêt de travail. Sauf accord collectif contraire, ce jour ne donne pas lieu à récupération. La Sécu le traite comme un jour « normal » en termes d'indemnités journalières.
Voilà, je pense que j'ai fait le tour, si vous avez des questions particulières, ma porte (i.e. les commentaires ou Twitter pour celleux qui m'y suivent) est toujours ouverte :)
Bon repos à tou.te.s ;)
Commentaires
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